À mesure que les technologies numériques deviennent de plus en plus essentielles à notre vie quotidienne, leur impact environnemental ne peut être ignoré. Deux concepts complémentaires ont alors émergé : le « Green IT », qui désigne les efforts visant à réduire l’empreinte écologique des technologies de l’information, et l’« IT for Green », qui consiste à utiliser la technologie pour aller vers la sobriété numérique. Cet article explore ces deux concepts étroitement liés, examine les défis en France et aborde le risque de « greenwashing » dans l’industrie technologique.
Comprendre le « Green IT » et l’« IT for Green »
Le « Green IT » (ou informatique durable) désigne les pratiques respectueuses de l’environnement dans la conception, l’utilisation et l’élimination des matériels et des logiciels informatiques. Selon la définition du Journal officiel de la République française du 12 juillet 2009, le « Green IT », ou écotechniques de l’information et de la communication, en abrégé éco-TIC, sont des techniques de l’information et de la communication dont la conception ou l’emploi permettent de réduire les effets négatifs de l’activité humaine sur l’environnement. Cela inclut la réduction de la consommation d’énergie dans les centres de données, la promotion des principes de l’économie circulaire pour les appareils électroniques et le développement de logiciels durables. Les entreprises mettent en œuvre le « Green IT » grâce à du matériel écoénergétique, à l’informatique en cloud et à des stratégies de gestion du cycle de vie visant à réduire les déchets.
D’autre part, l’« IT for Green » consiste à utiliser les outils et technologies numériques pour améliorer la durabilité environnementale dans d’autres secteurs. Il veille à ce que la transformation numérique contribue activement à la préservation de l’environnement, plutôt que de simplement limiter ses impacts négatifs. Des exemples incluent des solutions numériques visant à réduire l’impact environnemental dans divers secteurs en favorisant la dématérialisation (ex. : remplacement des documents papier par des enregistrements numériques), en facilitant la collaboration à distance (ex. : outils de visioconférence comme Zoom ou Microsoft Teams pour réduire les émissions liées aux déplacements), en soutenant les e-services dans la santé, le commerce et l’éducation (ex. : télémédecine, services bancaires en ligne, plateformes d’apprentissage virtuel), et en exploitant l’IA et l’analyse de données pour l’aide à la décision (ex. : optimisation de la consommation d’énergie dans les réseaux intelligents ou amélioration de l’efficacité des chaînes d’approvisionnement). En outre, le Green IT met l’accent sur la sensibilisation et la formation (ex. : programmes de durabilité en entreprise et certifications IT écoresponsables) pour encourager une utilisation responsable des technologies.
Greenwashing : une préoccupation croissante
À mesure que la durabilité devient un enjeu majeur, les entreprises mettent de plus en plus en avant leurs solutions informatiques comme étant « vertes ». Cependant, le greenwashing, c’est-à-dire la pratique qui consiste à induire les consommateurs en erreur sur les bénéfices environnementaux d’un produit ou service, est devenu un problème important. Certaines entreprises exagèrent l’impact écologique positif de leurs solutions, semant ainsi la confusion parmi les consommateurs et les décideurs politiques.
Une entreprise peut par exemple prétendre proposer un service cloud « neutre en carbone » sans préciser que ses mesures de compensation carbone sont insuffisantes ou douteuses. De même, certaines entreprises commercialisent des appareils électroniques « recyclables » sans mettre en place de véritables programmes de reprise ou de recyclage. Pour lutter contre le greenwashing, il est essentiel de s’appuyer sur des cadres réglementaires et des certifications indépendantes, comme la European Green Digital Coalition et les labels environnementaux français, qui permettent de vérifier la véracité des engagements durables.
La France et « le Green IT »
Au cœur de la stratégie française en matière de Green IT se trouvent des lois clés comme la loi Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire (AGEC) de 2020 et la loi REEN de 2021, visant à réduire l’empreinte environnementale du numérique. Le gouvernement français promeut également le Label Numérique Responsable pour encourager des pratiques informatiques durables. Par ailleurs, la France soutient l’IT for Green à travers des initiatives telles que les systèmes de mobilité intelligente et les projets d’efficacité énergétique basés sur l’IA. Les autorités locales sont également incitées à utiliser des outils numériques pour surveiller la qualité de l’air et optimiser la gestion des déchets.
Malgré ces efforts, des défis subsistent : l’empreinte carbone du numérique en France pourrait augmenter de 45 % d’ici 2030 (étude Ademe-Arcep, mars 2023). La consommation énergétique des centres de données continue de croître, et la courte durée de vie des équipements électroniques accentue le problème des déchets numériques. De plus, les engagements des entreprises en matière de durabilité manquent souvent de transparence, rendant difficile la distinction entre les véritables initiatives écologiques et le greenwashing à des fins marketing.
Défis et perspectives futures
Pour atteindre une véritable durabilité dans le domaine de l’informatique, plusieurs obstacles clés doivent être surmontés :
- Consommation d’énergie : les centres de données et les services de cloud computing se développant rapidement, la demande en électricité augmente également. Les pays doivent continuer à investir dans les énergies renouvelables et dans des modèles informatiques plus écoénergétiques.
- Gestion des déchets électroniques : malgré les programmes de recyclage, une part importante des déchets électroniques reste mal éliminée ; Il est nécessaire de renforcer les réglementations et d’offrir des incitations pour encourager la remise à neuf et la réparation.
- Responsabilité des entreprises : la transparence et la vérifiabilité des rapports de durabilité devraient devenir la norme pour lutter contre le greenwashing.
- Inclusion numérique et durabilité : la transformation numérique doit garantir l’accessibilité des nouvelles technologies et leur respect de l’environnement.
Dans l’avenir, la recherche continue sur l’informatique à faible consommation d’énergie, l’optimisation des ressources basée sur l’IA et les stratégies d’économie circulaire seront cruciales pour atteindre un avenir numérique durable. Pour garantir de réels progrès, les décideurs politiques, les entreprises et les consommateurs doivent rester vigilants et proactifs dans la promotion de la transparence et de la responsabilité des pratiques numériques durables. Le rôle de la France dans les politiques environnementales européennes et mondiales façonnera également la manière dont l’informatique contribuera à un monde plus vert.
Gohar Simonyan
M2 Cyberjustice – Promotion 2024/2025
Sources:
photo: Leonardo AI
https://www.legifrance.gouv.fr/download/pdf?id=ewRN5vnCGvs4krcNU4McomSwOeCkt4FYJF3AsstU8dc=
https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000044327272
https://www.ecologie.gouv.fr/politiques-publiques/green-it
https://www.ecologie.gouv.fr/loi-anti-gaspillage-economie-circulaire
https://digital-strategy.ec.europa.eu/en/policies/european-green-digital-coalition
https://www.arcep.fr/actualites/actualites-et-communiques/detail/n/environnement-060323.html
https://infos.ademe.fr/magazine-avril-2025/
https://cnnumerique.fr/le-conseil
https://theshiftproject.org/en/article/lean-ict-our-new-report/
https://www.eea.europa.eu/en/topics/at-a-glance/sustainability
https://www.openstudio.fr/metiers/approche-et-methodes/green-it-et-it-for-green/
https://www.un.org/en/climatechange/science/climate-issues/greenwashing
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