Actualité

Blog Cyberjustice – OPÉRATION PRISON BREAK

Le 20 mai 2025, l’opération « prison break » initiée par la section de lutte contre la cybercriminalité du parquet de Paris, a permis la saisie synchrone de téléphones miniatures au sein de 66 lieux de détention, et près de 500 cellules sur tout le territoire français.

Selon le Parquet de Paris, « l’intégralité des 5000 téléphones de la flotte en circulation sur le territoire national est visée par cette opération de démantèlement ».

 

Qu’est ce que l’opération prison break?

L’opération « prison break » a été ouverte en octobre 2024, d’un « constat commun que certaines infractions seraient commanditées depuis la détention, et par téléphone », confortée par une information de la gendarmerie portant sur une transmission en prison de téléphones miniatures chinois. Ainsi, il s’agit d’une enquête conjointe avec la brigade de lutte contre la cybercriminalité de la police judiciaire de la préfecture de Paris ainsi que l’unité nationale cyber de la gendarmerie nationale. Cette opération, a abouti, notamment, à la perquisition de 164 téléphones dont 88 appareils miniatures. En effet, selon la Procureure de la République Laure Beccuau, « des autorisations ont été délivrées pour près de cinq cents cellules ». Ainsi, 200 personnes détenues ont été entendues, dont 17 sous le régime de la garde à vue. A Besançon, les gendarmes de la brigade de recherche ont saisi 12 téléphones portables, et trois personnes incarcérées ont fait l’objet d’une audition libre aux fins d’expliquer la présence de ces appareils, ces individus ayant aussi fait l’objet d’une ordonnance pénale.

Ainsi, le parquet de Paris a ouvert une information judiciaire pour « administration de plateforme permettant des transactions illicites en bande organisée et recel d’objet provenant d’une infraction». Par conséquent, « les investigations sur cette filière de distribution se poursuivront désormais sous la direction d’un juge d’instruction ».

 

Quels moyens de communication sont visés par l’opération ?

Si ces téléphones miniatures proviennent d’une société chinoise. Ces derniers sont revendus en France, par l’intermédiaire du fournisseur « OPORTIK ». Selon le ministère de l’intérieur, près de 500 téléphones seraient destinés à la vente, et plus de 70 000 euros en espèce ont été saisis dans un local de stockage, ainsi que 14 000 euros sur un compte bancaire.

Alors, ces moyens de communication sont très prisés par la population carcérale. En effet, ces derniers, par leur petit gabarit ne dépassant pas la taille d’un briquet, et paramétrés de façon spécifique, « étaient vendus comme indétectables aux portiques d’entrée dans les lieux de détention». En effet, le Service National de Renseignement Pénitentiaire a permis l’identification de certains utilisateurs, qui, depuis la détention, se servaient de ces téléphones aux fins de commettre des infractions liées au trafic de stupéfiants, de dégradation de commerce par incendie, d’escroquerie, ou encore de tentatives de meurtre commanditées.

Ainsi, certains téléphones visés par l’opération seront expertisés par l’ANSSI, aux fins de vérifier un éventuel envoie de données vers l’étranger par l’intermédiaire de backdoors, étant des usages malveillants pour un accès à un système sans être détecté à des fins de piratage tels que le vol de données ou l’installation de logiciels malveillants. En effet, Eurojust a alerté les autorités nationales de la présence de ces nouveaux dispositifs de communication confortant alors l’article 85 TFUE qui permet un renfort de « la coordination et la coopération entre les autorités nationales chargées des enquêtes et des poursuites relatives à la criminalité grave affectant deux ou plusieurs États ». 

 

Quelles sont les suites de cette opération ?

Selon le parquet de Paris, le nom de domaine de la société « OPORTIK » a été saisi, son site a été fermé, et trois fournisseurs se trouvant sur le territoire français ont fait l’objet d’une interpellation. 

Alors, l’aspiration du parquet de Paris consisterait à se dessaisir « au profit des parquets territorialement compétents sur les lieux de saisie de ces téléphones, qui apprécieront les suites pénales appropriées pour chacun des utilisateurs interpellés ».

 

BENYAHIA Nadia

Master 2-Droit, parcours Cyberjustice, promotion 2024/2025.

 

Sources: 

https://www.estrepublicain.fr/faits-divers-justice/2025/05/23/l-operation-prison-break-a-abouti-a-la-decouverte-de-12-telephones-en-detention

https://www.gendarmerie.interieur.gouv.fr/gendinfo/criminalite-organisee-et-enquetes/2025/operation-prison-break-les-forces-de-securite-interieure-menent-une-vaste-action-de-saisie-de-telephones-en-prison

https://www.lefigaro.fr/faits-divers/operation-prison-break-pres-de-164-telephones-saisis-dont-88-miniatures-20250522

#Cybercriminalité #Justice #Sécurité #PrisonBreak #TransformationNumérique #Renseignement #OpérationsJudiciaires #LinkedInNew

Auteur :

Aller à la source

artia13

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.

artia13 has 4850 posts and counting. See all posts by artia13