« Devenir le premier hyperscaler européen de confiance« . Voici l’ambition de S3NS, la coentreprise entre Thales et Google Cloud, explique Cyprien Falque, son directeur général, lors d’un échange avec L’Usine Digitale. Autrement dit, proposer le meilleur des deux mondes : les services performants d’un hyperscaler protégés par une infrastructure ultra-sécurisée. Pour être reconnu comme tel, le cloud de S3NS vise la qualification SecNumCloud au « troisième trimestre 2025« .
S3NS est entré dans la procédure de qualification en juillet 2024 et a franchi le premier jalon (J1), c’est-à-dire l’acceptation de la stratégie d’évaluation par l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi), en décembre 2024. Pour rappel, ce visa de sécurité atteste du plus haut niveau de sécurisation des données. « Nous entrons dans une phase de la qualification dont l’issue ne dépend pas entièrement de nous, explique Cyprien Falque. Un audit est réalisé et un rapport est remis. »
Contrôles locaux compte une quarantaine de clients
Dans le détail, S3NS possède deux offres dans son portefeuille. La première est « Contrôles locaux avec S3NS », qui permet de profiter des services de Google Cloud Platform (GCP) dans un environnement cloisonné, mais qui n’a pas vocation à être qualifiée SecNumCloud. A ce jour, elle compte « une quarantaine de clients« , parmi lesquels la MGEN, la Macif, AG2R La Mondiale, Birdz ou encore le Club Med. Le secteur public ne représente pas la majorité des clients, précise le directeur général.
La seconde offre, « Cloud de confiance », a vocation à être qualifiée. Elle est disponible pour les early adopters – « une quinzaine de clients » – depuis janvier 2024. Parmi ses clients, S3NS compte l’Agence du Numérique en Santé (ANS), l’organisme public français chargé de piloter la transformation numérique du système de santé. A l’occasion de son événement annuel, qui a eu lieu le 29 avril 2025, S3NS a annoncé « la disponibilité générale« , c’est-à-dire « la capacité à garantir les niveaux de service« , est prévue « pour l’été« .
Sur cette seconde offre, « nous voyons un intérêt beaucoup plus important du secteur public« , indique le directeur général. « Dans un premier temps, le secteur public s’était montré plutôt frileux, en tout cas réservé quant à l’utilisation de l’offre ‘Contrôles locaux’. Là sur le cloud de confiance, nous sentons vraiment que les choses s’accélèrent« , ajoute-t-il.
Un catalogue de 30 services ayant vocation à s’enrichir
A l’occasion de son événement annuel, l’entreprise a également annoncé la disponibilité de 30 services IaaS et PaaS et « une quarantaine d’autres dans la roadmap« . Dans le catalogue se trouvent « des outils assez phares chez Google, en particulier BigQuery« . Vertex AI, la plateforme d’intelligence artificielle de Google Cloud, sera aussi bientôt disponible.
Ce sera également le cas pour Mistral Platform « dans les tout prochains mois« , incluant les modèles de la start-up et ses produits, dont Le Chat. Les clients auront aussi accès à « une expertise conjointe Mistral et S3NS pour répondre à leurs besoins évolutifs en matière d’IA« .
« Le tout souverain n’existe pas »
A la question de savoir si les tensions géopolitiques entre les Etats-Unis et l’Union européenne affectent la coentreprise, Cyprien Falque répond que « c’est une question que les clients nous posent, mais tout comme ils nous l’ont posée déjà avant, et sur laquelle nous faisons preuve de pédagogie : nous leur expliquons que S3NS est une entité entièrement française et contrôlée par Thales« . « Ce n’est pas un frein pour nous« , indique-t-il. Selon lui, il est « impossible de construire une solution où chaque bit et chaque transistor est fabriqué en France« . « Le tout souverain n’existe pas. Il y a une utilisation maîtrisée de technologies extra-européennes« , conclut-il.
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