Actualité

Infrastructures télécoms : talon d’Achille ou rempart de notre société numérique ?

Au cœur du cyberespace, les infrastructures de télécommunications jouent un rôle central.

A l’heure où la France et l’Union européenne renforcent le cadre réglementaire pour protéger les infrastructures critiques de l’état et de nos entreprises (directive NIS 2, réglementation DORA, Loi de Programmation Militaire 2023), l’Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d’Information (ANSSI) agit en première ligne pour renforcer la résilience numérique des secteurs stratégiques.

Au cœur du cyberespace, les infrastructures de télécommunications jouent un rôle central. Véritable colonne vertébrale de notre quotidien connecté, elles sont désormais des cibles de choix pour les cyberattaques et les actes de sabotage. Si leur importance stratégique les expose à des menaces croissantes, certaines infrastructures méconnues démontrent une résilience remarquable, notamment les réseaux aériens liés aux pylônes Très Haute Tension (THT), qui offrent des atouts uniques face aux menaces numériques et physiques.

Les exemples abondent pour illustrer la fragilité des infrastructures critiques. En février 2022, l’attaque contre le réseau satellitaire KA-SAT a perturbé des dizaines de milliers de connexions en Europe, révélant à quel point un sabotage peut paralyser des systèmes entiers. Plus récemment en novembre et décembre derniers, des câbles sous-marins ont été sectionnés en mer Baltique par des navires chinois et russes. Ces navires sont soupçonnés d’avoir volontairement laissé traîner leur ancre sur des centaines de kilomètres avec pour conséquence des perturbations sur les télécommunications européennes et des impacts sur l’approvisionnement en électricité entre la Finlande et l’Estonie.

Outre les cyberattaques et le sabotage, les événements naturels tels que la tempête Alex en 2020, qui a causé plus d’un milliard d’euros de dégâts et entraîné des coupures de services de télécommunication pouvant durer jusqu’à deux semaines, mettent également en évidence la vulnérabilité des infrastructures terrestres et du réseau secondaire (poteaux télécom et basse tension).

Dans ce contexte de risques accrus, certaines infrastructures télécom se distinguent par leur robustesse. Les réseaux portés par les pylônes de très haute tension (THT) de RTE, en sont un parfait exemple. La France dispose d’un réseau électrique de transport parmi les plus performants au monde. L’infrastructure physique utilisée est de conception des plus robustes, le maillage est conséquent, et la gestion du réseau électrique par fibre des plus efficientes. Par nature, ces artères de notre réseau électrique national sont des bastions plus résilients face aux agressions, qu’elles soient naturelles ou intentionnelles. Les infrastructures télécom les utilisant ainsi sont structurellement de moindre dépendance à des points d’interconnexion centralisés.

Cependant, la résilience repose aussi sur des actions concrètes et coordonnées entre acteurs publics et privés. Ces efforts doivent être accompagnés d’initiatives comme des simulations d’attaques en situation réelle, et des investissements dans l’innovation technologique pour anticiper les menaces et améliorer la robustesse des infrastructures critiques.

L’État doit jouer un rôle de leader proactif, en accélérant des initiatives comme France 2030 et cyber.gouv.fr. Mais il doit également pousser les opérateurs et les entreprises à adopter une culture de la résilience, tout autant physique que cyber, car l’un sans l’autre, ça ne fonctionne pas. Ce n’est qu’à travers une collaboration étroite entre le public et le privé que la France pourra garantir sa souveraineté numérique et la sécurité de ses infrastructures critiques.

Bien que les infrastructures télécoms soient exposées à des menaces grandissantes, des solutions existent  La diversité offerte par les atouts du réseau THT est une illustration parfaite. Avec des investissements stratégiques et une mobilisation collective, notre société numérique pourra transformer ses vulnérabilités en forces durables. 

Auteur :

Aller à la source

artia13

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.