les dessous d’un incident qui ne fait pas dans la dentelle !
Le site de Victoria’s Secret a été mis hors ligne après une cyberattaque, forçant l’enseigne à suspendre certains services en magasin. Un incident qui n’a pas fait dans la dentelle !
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Depuis la fin avril, les cyberattaques se multiplient dans le secteur de la distribution. Cette fois, c’est la célèbre marque américaine de lingerie Victoria’s Secret qui en fait les frais. Le site internet de l’entreprise a été brutalement désactivé à la suite d’un incident de sécurité informatique. Si les boutiques Victoria’s Secret et PINK restent ouvertes, l’entreprise reconnaît dans un message visible sur sa page d’accueil avoir identifié un incident et « prendre des mesures » pour y faire face.
Les utilisateurs du site de Victoria’s Secret font face à une page inaccessible et à un message laconique évoquant des « précautions » prises à la suite d’un incident de sécurité. L’entreprise, qui a généré plus de 6 milliards de dollars (environ 5,55 milliards d’euros) de chiffre d’affaires sur l’année écoulée, voit ses actions chuter de plus de 10 % à la bourse de New York (NYSE : VSCO) depuis l’annonce. Un porte-parole a déclaré que les protocoles d’urgence avaient été activés immédiatement et que des experts externes avaient été sollicités pour gérer la situation. La priorité actuelle : rétablir les opérations en ligne « de manière rapide et sécurisée ». Mais derrière cette déclaration de principe, l’ombre d’une attaque complexe, voire persistante, plane.
« We identified an issue affecting the operation of our site. Thank you for your patience while we work to restore operations. In the meantime, you can visit your local Victoria’s Secret and PINK stores. » Affiche le site de la marque
La nature exacte de l’attaque reste floue. Aucune précision n’a été donnée sur l’éventuelle compromission de données personnelles des clients ou du personnel. Ce silence alimente les spéculations dans un contexte où les précédentes attaques menées contre des géants du retail ont toutes eu des répercussions sur la sécurité des données. La communication interne de l’entreprise, relayée par Bloomberg, évoque un retour à la normale qui pourrait prendre « un certain temps », sans plus de précisions. L’inquiétude est d’autant plus grande que cette attaque survient dans une période d’intensification des cybermenaces contre les détaillants.
Depuis la fin avril, une série de cyberattaques a touché plusieurs grandes enseignes du secteur de la distribution, principalement au Royaume-Uni. Trois entreprises britanniques ont été ciblées en quelques jours par le groupe Scattered Spider, un collectif de hackers réputé pour sa sophistication et son agressivité. Ce groupe est soupçonné d’avoir utilisé le rançongiciel DragonForce, un logiciel malveillant capable de bloquer l’accès aux systèmes jusqu’au paiement d’une rançon. Les récentes attaques contre Dior, Adidas, et les alertes lancées par ZATAZ et DataSecurityBreach.fr concernant la menace grandissante sur les détaillants semblent confirmer une campagne de grande ampleur. La faille des « extensions » Magento non corrigée depuis 6 ans ?
Exergue : Victoria’s Secret perd plus de 10 % de sa valeur en bourse en une journée, symptôme de la fragilité numérique des géants du retail.
Scattered Spider ne frappe pas au hasard. Ses cibles sont choisies en fonction de leur potentiel d’impact économique et de leur dépendance aux infrastructures numériques. Selon plusieurs experts en cybersécurité, le groupe aurait intensifié ses attaques sur le sol américain ces dernières semaines, dans une stratégie délibérée d’affaiblissement des géants de la vente au détail. Leur mode opératoire combine l’ingénierie sociale – c’est-à-dire la manipulation psychologique des employés pour obtenir des accès – à des outils techniques avancés, comme des VPN déguisant leur géolocalisation ou des techniques d’usurpation d’identité à travers les interfaces cloud.
Face à cette vague, le National Cyber Security Centre britannique a publié une série de recommandations à destination des entreprises du secteur. Parmi elles, l’usage systématique de l’authentification multi-facteur, la surveillance accrue des comptes administrateurs (notamment les comptes “Domain Admin” ou “Cloud Admin”) et le durcissement des processus de réinitialisation des mots de passe par les services d’assistance. Ces mesures visent à contrer les stratégies d’infiltration souvent subtiles mais redoutablement efficaces du groupe Scattered Spider.
Pour Victoria’s Secret, cette attaque intervient à un moment charnière. L’enseigne, qui a entamé ces dernières années une mue stratégique pour redorer son image et rajeunir sa clientèle, voit ses efforts compromis par cette faille numérique. Son activité en ligne représente une part cruciale de ses revenus, et toute interruption prolongée risque de peser lourd dans ses résultats trimestriels. Surtout, cette situation remet en question la capacité des grandes marques à anticiper et contenir des menaces numériques de plus en plus fréquentes.
L’affaire Victoria’s Secret s’inscrit dans une tendance plus large. Les cybercriminels ne ciblent plus seulement les institutions financières ou les administrations, mais aussi les acteurs du commerce et de la mode. Leur objectif est double : déstabiliser des géants économiques et récolter des données sensibles monnayables sur le darknet. Dans ce contexte, chaque faille devient une opportunité pour des groupes organisés, souvent soutenus par des réseaux transnationaux difficiles à retracer.
Exergue : Scattered Spider, groupe derrière les attaques récentes, est suspecté d’utiliser des techniques d’ingénierie sociale et des outils d’intrusion sophistiqués.
La réponse apportée par les entreprises reste hétérogène. Certaines investissent massivement dans la cybersécurité, d’autres peinent à suivre le rythme imposé par des menaces en constante évolution. La transformation digitale accélérée par la pandémie a exposé les failles d’infrastructures souvent anciennes, voire obsolètes. Les systèmes hérités, parfois mal intégrés aux nouveaux outils numériques, forment une surface d’attaque idéale pour des groupes comme Scattered Spider.
Ce type d’incident soulève enfin une question de gouvernance. La cybersécurité est-elle suffisamment prise en compte dans les stratégies des comités de direction ? Chez Victoria’s Secret, les décisions à venir devront probablement inclure une refonte des protocoles de sécurité, une meilleure formation du personnel et peut-être même une révision complète de l’architecture informatique. Car au-delà de la crise ponctuelle, c’est toute la résilience numérique de l’entreprise qui est aujourd’hui sur la sellette.
Reste à savoir si cet incident sera le déclic nécessaire pour que d’autres enseignes prennent à bras-le-corps le sujet de la cybersécurité. Le cas Victoria’s Secret rappelle brutalement que dans un monde interconnecté, chaque faille peut devenir un désastre. À mesure que les cybermenaces évoluent, les entreprises auront-elles les moyens, et la volonté, de faire de la cybersécurité une priorité stratégique ?
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