Les réseaux sociaux, l’autre champ de bataille entre le Maroc et l’Algérie

Entre Alger et Rabat, la rivalité se joue aussi en ligne. C’est ce que souligne une analyse des contenus effectuée par le réseau de vérification de l’information Arabi Facts Hub et relayée par le site d’information Raseef22. Elle met en évidence l’existence de campagnes ayant recours à des comptes automatisés et à des influenceurs pour véhiculer des messages haineux, notamment sur X, le réseau social d’Elon Musk.

Ces campagnes, qualifiées par le site d’information libanais de “guerre électronique”, prennent la forme d’appels à l’expulsion des ressortissants marocains de l’Algérie et réciproquement. Côté algérien, des hashtags en arabe hostiles au Maroc (ils appellent à expulser les Marocains ou qualifient le Maroc de “risée du monde”) ont circulé massivement, pour atteindre des dizaines de millions de vues au cours des premiers mois de 2025. L’analyse note aussi l’utilisation de ces hashtags par des influenceurs.

Au Maroc aussi, une campagne belliqueuse cible le voisin algérien, notamment avec des hashtags qui accusent l’Algérie de soutenir le terrorisme ou martèlent l’idée selon laquelle “l’Algérie est isolée au niveau international”.

Les mêmes messages rediffusés en boucle

Dans les deux camps, note le journaliste auteur de l’analyse, le mode opératoire est similaire, avec peu de contenus originaux, mais une forte amplification à travers la rediffusion des mêmes messages. Il constate aussi l’utilisation de profils automatisés des deux côtés, à l’instar de ces comptes actifs presque 24 heures sur 24, une caractéristique “non compatible avec un comportement humain”.

Par ailleurs, l’analyse a révélé l’existence de “comptes centraux”, qui jouent un rôle clé dans l’amplification des contenus, par le biais de rediffusions et de commentaires hostiles. Leur fonction est d’installer la dynamique, avant que le reste du réseau ne prenne le relais.

En avril dernier, des hackeurs algériens se faisant appeler Jabaroot DZ ont revendiqué une cyberattaque contre plusieurs institutions marocaines dont la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) du Maroc, entraînant la fuite de données personnelles de près de 2 millions de citoyens et de 500 000 entreprises, publiées sur Telegram. Des groupes marocains comme Phantom Atlas ont répliqué en attaquant à leur tour plusieurs sites gouvernementaux algériens.

Depuis plusieurs années, la question du Sahara occidental crispe les relations entre le Maroc et l’Algérie. Tandis que Rabat revendique sa souveraineté totale sur ce territoire, Alger affiche un soutien actif aux indépendantistes du Front Polisario.