Le Forum International de la Cybersécurité témoigne de l’implication résolue de la France pour répondre aux défis qui se développent dans toutes les dimensions de l’espace numérique. Cette édition 2017 intervient quelques semaines après que le Président Obama a fait part de sa conviction que des attaques cyber ont visé les Etats-Unis lors de la campagne présidentielle de 2016.
Cet épisode illustre le caractère profondément asymétrique de la menace cyber qui découle de la capacité de dissimulation des agresseurs et de la très large diffusion des technologies. Il montre aussi que l’espace numérique est devenu une zone d’affrontement entre Etats, même si d’autres acteurs continuent à l’utiliser pour atteindre des objectifs néfastes pour notre sécurité.
La fréquence et l’ampleur des attaques numériques augmentent sans cesse, tout comme leur sophistication technologique. C’est le signe préoccupant d’une forme nouvelle de prolifération, qui concerne tant les moyens employés que la transformation de l’espace numérique en théâtre d’affrontement. Dans ce qui est désormais la cinquième dimension de l’action militaire, de faibles moyens permettent d’obtenir des effets importants, analogues à ceux d’actions plus conventionnelles, lorsqu’elles visent des infrastructures civiles critiques, voire des cibles militaires. Une cyber-attaque, même relativement rudimentaire, peut désormais déstabiliser un pays et nuire ou porter atteinte aux intérêts stratégiques d’un Etat, à son autonomie d’appréciation, de décision et d’action.
Dès mon arrivée à la tête du ministère de la Défense, en 2012, j’ai pris les décisions indispensables à l’organisation de notre cyberdéfense militaire française. Tout d’abord, au travers du Pacte Défense Cyber « 50 mesures pour changer d’échelle », sanctuarisé par le Loi de programmation militaire 2014-2019 (LPM) actualisée, qui ajoute plus d’un milliard d’euros supplémentaires à ce domaine.
Cet effort s’articule autour d’actions concrètes, notamment dans le domaine de la recherche et de l’innovation. Le Pôle d’excellence de cyberdéfense, dont j’ai inauguré les locaux le 12 décembre dernier, est à présent structuré, soutenu par les industriels et opérateurs d’infrastructures vitales. Le Mastère consacré à la conduite des opérations et à la gestion de crise de cyberdéfense est opérationnel. La chaire de cyberdéfense anime quant à elle la réflexion stratégique.
La montée en puissance des capacités cyber du ministère de la Défense passe par la mise en œuvre d’une politique de recrutement ambitieuse car la cyberdéfense est avant tout affaire de compétences techniques et humaines de haut niveau. Au terme de l’augmentation prévue par l’actualisation de la loi de programmation militaire, ce sont 3200 personnes qui devraient, pour la défense, participer à la mission « cyber », soit plus du double des effectifs existant à mon arrivée à la tête du ministère en 2012.
J’ai également souhaité que la réserve prenne en compte la réalité de notre action future dans ce domaine. La réserve de cyberdéfense, que j’ai décidé de créer il y a quelques mois, est un pari certes ambitieux mais dont les premiers résultats sont encourageants.
Dès la fin de l’année, près de 400 réservistes l’auront intégrée. Ils seront dix fois plus nombreux, je l’espère, d’ici fin 2019. De nombreux étudiants de nos écoles d’ingénieurs sont candidats et participent aux exercices. Des experts des plus grandes entreprises de défense viennent ponctuellement mettre leurs compétences à notre service. Ils peuvent nous rencontrer sur le stand du Pôle d’excellence Cyber. Au-delà de ces initiatives, il était devenu indispensable pour le ministre de la Défense que je suis de donner à l’action des armées et de mon ministère un cadre stratégique clair permettant de mieux la structurer. C’est pourquoi, j’ai décidé de développer une doctrine de défense pour les opérations cyber et d’intégrer de la sorte l’ensemble de la dimension numérique de l’action armée à notre pensée militaire.
Aux termes de cette doctrine, la défense structurera les objectifs stratégiques et militaires qu’elle poursuit dans l’espace numérique au travers des actions de renseignement, des mesures de protection et des opérations que les forces armées seront amenées à y conduire. Pour atteindre ces objectifs, j’ai décidé de créer un commandement des opérations cyber, un CYBERCOM, qui contribuera à asseoir notre souveraineté et notre indépendance nationales, et qui sera opérationnel à la fin du premier trimestre 2017. Je souhaite plein de succès à cette nouvelle édition du FIC, et me félicite de la présence pour la deuxième année consécutive d’un stand « pôle d’excellence cyber » qui illustre parfaitement la dynamique engagée avec les grands industriels du secteur et les acteurs institutionnels pour structurer notre action collective dans ce domaine.
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