30 ans de prison en jeu
Un Iranien de 37 ans a reconnu être derrière l’attaque informatique qui a paralysé la ville de Baltimore en 2019, causant des pertes colossales et semant la panique dans les services publics.
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Le 7 mai 2019, la ville de Baltimore est brutalement frappée par une cyberattaque inédite. Pendant plusieurs mois, des centaines de services municipaux sont à l’arrêt. Derrière cette paralysie numérique : Sina Gholinejad, un ressortissant iranien de 37 ans, qui vient de plaider coupable aux États-Unis pour plusieurs chefs d’accusation liés à la cybercriminalité. Il a admis avoir orchestré l’attaque à l’aide du logiciel malveillant Robbinhood, un ransomware redoutable utilisé pour extorquer des rançons à des dizaines de victimes, notamment des municipalités américaines. Le cybercriminel, arrêté en janvier 2025, risque désormais jusqu’à 30 ans de prison.
Une cybermenace aux allures de guerre numérique
Sina Gholinejad n’est pas un hacker solitaire opérant depuis une cave sombre, mais le membre actif d’un réseau structuré de cybercriminels basé à l’étranger. Selon le ministère américain de la Justice, il est l’un des cerveaux derrière une série d’attaques de grande ampleur qui ont ciblé des villes américaines, des hôpitaux et des entreprises privées, causant des perturbations considérables. Le cas de Baltimore, emblématique de cette nouvelle ère de cybercriminalité, a marqué un tournant. À l’époque, les autorités municipales avaient refusé de céder au chantage des pirates, qui réclamaient l’équivalent de 100 000 dollars en bitcoins. Cette résistance leur a coûté cher : près de 17,6 millions d’euros de pertes, selon les estimations officielles, et des mois de paralysie dans les services publics.
Les conséquences furent immédiates : impossibilité pour les citoyens de régler leurs impôts locaux, suspension de l’enregistrement des actes de propriété, interruption de nombreux services municipaux. Des hôpitaux, des commissariats, des tribunaux ont également vu leur fonctionnement sérieusement compromis. Au-delà des dégâts financiers, c’est tout le modèle de résilience numérique des collectivités locales américaines qui a été remis en question.
« L’attaque contre Baltimore a été utilisée comme une démonstration de force pour intimider d’autres villes américaines« , a déclaré Matthew Galeotti, du ministère de la Justice. « Les hackers ont laissé entendre que ceux qui refusaient de payer subiraient le même sort.«
Le ransomware utilisé par Gholinejad, baptisé Robbinhood, se distingue par sa capacité à chiffrer intégralement les systèmes informatiques d’une organisation, rendant l’accès aux données impossible sans une clé de déchiffrement détenue par les pirates. Ce logiciel malveillant a été utilisé pour la première fois par le groupe en janvier 2019. Très rapidement, il s’est imposé comme une arme numérique de choix pour cibler des entités publiques peu préparées face à ce type de menace.
Baltimore ne fut pas la seule cible. Les villes de Greenville (Caroline du Nord), Yonkers (New York) et Gresham (Oregon) ont également été victimes de cette campagne d’extorsion. À chaque fois, le scénario se répétait : pénétration des réseaux via des failles de sécurité, verrouillage complet des systèmes, puis demande de rançon en crypto-monnaie. La nature transnationale de ces attaques a rendu leur traque d’autant plus complexe, nécessitant une coopération judiciaire internationale, notamment avec les autorités bulgares qui ont joué un rôle déterminant dans l’arrestation de Gholinejad.
Une justice numérique en action
L’homme a plaidé coupable de deux chefs d’inculpation : fraude et abus informatique, ainsi que conspiration en vue de commettre une fraude électronique. Cette reconnaissance de culpabilité intervient alors que les États-Unis renforcent leur arsenal judiciaire pour lutter contre les cybermenaces. Le message est clair : aucune attaque de cette ampleur ne restera impunie, même si elle émane de l’étranger.
Le département de la Justice estime que les actions de Gholinejad ont généré des pertes cumulées de plusieurs dizaines de millions de dollars à travers les États-Unis. Ce procès servira également à illustrer la stratégie américaine en matière de cybersécurité : traquer les auteurs de ces actes jusque dans les coins les plus reculés du monde, quitte à mobiliser des ressources diplomatiques importantes pour les extrader.
« Il n’y aura pas d’impunité pour ceux qui cherchent à paralyser nos villes par des moyens numériques« , a martelé Galeotti. « Ces attaques ne sont pas que des crimes économiques : elles menacent la sécurité et le bon fonctionnement de nos sociétés.«
Le cas de Gholinejad révèle également un autre phénomène inquiétant : la professionnalisation des attaques par ransomware. Loin des petits hackers opportunistes des débuts d’Internet, les cybercriminels d’aujourd’hui fonctionnent comme de véritables entreprises criminelles, dotées d’une logistique, de hiérarchies et de circuits financiers bien rodés. Les rançons sont exigées en cryptomonnaie pour brouiller les pistes, et les serveurs utilisés pour les attaques sont souvent hébergés dans des juridictions complaisantes.
Les autorités américaines redoutent que ces groupes ne servent également de bras armé à des États-nations hostiles. Bien que rien ne permette actuellement d’établir un lien direct entre Gholinejad et le gouvernement iranien, certains analystes estiment que ces cyberattaques s’inscrivent dans un contexte géopolitique plus large, où les conflits se déplacent de plus en plus vers le terrain numérique.
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