Guerre de Gaza : Microsoft a-t-il facilité les opérations militaires israéliennes ?
L’intégration des technologies d’IA dans l’arsenal militaire israélien s’est accélérée de manière spectaculaire : en six mois, de septembre 2023 à mars 2024, l’armée israélienne a multiplié par 64 son utilisation des outils d’apprentissage automatique d’Azure. Cette augmentation vertigineuse traduit une nouvelle réalité : l’IA n’est plus un simple outil d’appui, mais devient un outil essentiel des missions militaires. La plateforme fournit notamment un accès privilégié à un modèle bien connu : GPT-4 d’OpenAI, qui représente aujourd’hui un quart de la consommation totale d’outils d’IA par l’armée israélienne.
Pour la colonelle Racheli Dembinsky lors d’une conférence à Tel-Aviv, les services de Microsoft ont représenté une réelle aubaine pour combler les failles des infrastructures militaires traditionnelles du pays. L’unité Mamram, véritable cerveau numérique de Tsahal, s’est retrouvée dépassée par l’intensité des opérations au début de l’offensive terrestre. Ses systèmes informatiques ne parvenaient plus à traiter le flux massif de données générées par les opérations.
En novembre 2023, Mamram a donc déporté ses opérations vers les services cloud de Microsoft. Sur une période de six mois, l’utilisation du stockage Azure par l’armée israélienne a augmenté de 60 %. En s’appuyant sur ces infrastructures civiles, plus évolutives et flexibles, le Tsahal a donc pu s’adapter rapidement aux changements rapides et imprévisibles du champ de bataille, tout en maintenant ses capacités opérationnelles à un niveau suffisant.
Les entreprises tech peuvent-elles réellement tenir ce double rôle, fournissant simultanément des services aux civils et aux forces armées ? La question se pose sérieusement, car dans le cas de Microsoft, elle-même fait la promotion d’innovations pacifiques : investissements dans l’éducation, développement d’outils pour les personnes handicapées ou engagement dans la lutte contre le changement climatique.
Dans l’ombre, elle tisse en revanche des partenariats militaires très juteux, alimentant ainsi la grande machine de guerre : les preuves sont juste sous nos yeux. Jusqu’où ira-t-elle sur ce chemin, assez discutable, sans compromettre ses valeurs et sa responsabilité sociale ? Qu’est-ce qui prime ici : le profit, l’innovation ou le respect des droits de l’homme ? Aucune réponse simple n’existe à cette question, mais c’est précisément dans ce flou que réside le danger : une absence totale de responsabilisation des acteurs concernés.
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