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Arnaques en ligne, une mafia planétaire, et la déflagration Marine Le Pen

Hameçonnage (ou phishing), piratage de comptes, usurpation d’identité, faux investissements, arnaque sentimentale (love scam)… Partout, dans le monde d’aujourd’hui, les escrocs rivalisent d’inventivité pour soutirer de l’argent à leurs victimes. “L’escroquerie en ligne est comme une multinationale dont la taille et l’ampleur sont comparables à celles de l’industrie illégale de la drogue. Sauf que, à bien des égards, c’est pire”, constatait récemment The Economist en consacrant sa une à ce fléau.

Dans la presse étrangère, les témoignages de victimes de ces arnaques se multiplient depuis quelques mois, ainsi que les enquêtes sur les organisations tentaculaires qui les contrôlent. Les escroqueries en ligne touchent tout le monde, tous les jours, partout. De la Côte d’Ivoire à l’Australie, en passant par le Mexique ou la France (championne du monde du démarchage téléphonique et des appels frauduleux, rappelle The Times), le marché de l’arnaque paraît sans fin. Alors, si vous pensez toujours “être trop futé pour vous faire arnaquer, avertit encore le quotidien britannique, vous devriez peut-être y réfléchir à deux fois”.

C’est à ces mafias d’un genre nouveau et en plein essor que nous avons choisi de consacrer notre une cette semaine. Avec un reportage impressionnant traduit du chinois pour ouvrir notre dossier, “Myawaddy, capitale de la cyberfraude”. À la frontière entre la Thaïlande et la Birmanie, le documentariste chinois Wu Dong a rencontré les acteurs de cette filière très lucrative. Il raconte les immenses centres de travail qui enrôlent de force des petites mains pour commettre des escroqueries en Chine et en Occident.

Ce reportage a été publié fin janvier sur la plateforme Weixin, soit deux mois avant le séisme meurtrier qui a frappé la Birmanie le 28 mars. Nous avons malgré tout choisi de maintenir sa publication tant il nous paraît révélateur de ce que le crime organisé est en train de mettre en place, et pas seulement en Asie.

Au moment de boucler ces pages, mardi 1er avril, le bilan du séisme en Birmanie restait difficile à établir. Le décompte des victimes établi par Democratic Voice of Burma s’élevait à plus de 3 000 morts, mais il pourrait s’alourdir considérablement. De très nombreuses infrastructures ont été détruites, et l’acheminement de l’aide humanitaire est rendu très difficile par la junte au pouvoir. Nous publions notamment un reportage, rare dans ce pays si fermé, du Daily Telegraph à Mandalay, qui décrit la course contre la montre pour tenter de secourir les habitants coincés sous les décombres : “Le plus dur, c’est de savoir qu’ils sont là mais qu’on risque de ne pas arriver à temps”, se désole un bénévole.

Une actualité que nous continuerons de suivre toute la semaine sur notre site, comme la vague de protestations qui ne faiblit pas en Turquie après l’arrestation du maire d’Istanbul et chef de l’opposition, Ekrem Imamoglu, le principal rival du président turc, Recep Tayyip Erdogan. “Cette volonté populaire est encore vivace et n’est pas près de s’éteindre”, veut croire l’éditorialiste du quotidien de gauche Birgün. Difficile à prédire à ce stade, d’autant que le régime n’hésite pas à réprimer les manifestations par la force.

L’autre information majeure et très largement commentée par la presse étrangère cette semaine, c’est évidemment la condamnation de Marine le Pen, lundi 31 mars, à quatre ans de prison, dont deux ferme, et cinq ans d’inéligibilité, qui devrait l’empêcher de participer à la prochaine présidentielle. “Un séisme politique”, ont estimé de très nombreux journaux à l’étranger, qui ouvre une nouvelle période d’incertitude en France. “La justice ne fait pas de politique, pas dans une démocratie ayant une séparation des pouvoirs qui fonctionne, pas dans une démocratie comme celle de la France”, explique pourtant Oliver Meiler dans le quotidien suisse Tages-Anzeiger.

Si, comme lui, dans l’ensemble, la presse étrangère salue la victoire de l’État de droit dans ce verdict, de nombreux éditorialistes s’inquiètent des conséquences à venir et d’un potentiel effet boomerang.Contrairement à Trump, Le Pen n’accédera probablement pas de sitôt à la présidence de la République, mais pour Bardella, le successeur qui pourrait la venger, et pour l’ensemble du parti, cette condamnation est une aubaine”, écrit ainsi Leo Klimm dans Der Spiegel. La France semble repartie dans une crise politique sans fin.

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artia13

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.