Barcelone se mue en “capitale européenne de la cyberguerre”. Depuis un an et demi, “au moins trois équipes renommées d’experts en piratage informatique”, venus d’Israël, se sont installées dans la capitale de la Catalogne, détaille El Periódico de Catalunya. Le journal espagnol s’appuie sur les informations du quotidien de Tel-Aviv Ha’Aretz, qui a publié le 26 décembre un article sur les hackers “délocalisés” d’Israël vers des pays de l’Union européenne, dont l’Espagne.
“Beaucoup” d’entre eux sont d’anciens membres de l’unité 8200, “le service du renseignement militaire israélien spécialisé dans la cybersécurité”, confirme El Periódico. Ils se consacrent au “développement de mécanismes permettant d’implanter des logiciels d’espionnage dans les smartphones”, précise La Vanguardia.
Barcelone offre un “coût de la vie […] moins élevé que dans d’autres pays européens comme l’Allemagne” et possède une liaison aérienne avec Tel-Aviv, contextualise El Periódico. La ville dispose surtout d’un “écosystème” qui attire les “talents” en matière de cybersécurité. “Plus de 500 entreprises” sont spécialisées dans ce domaine en Catalogne et génèrent “environ 10 000 emplois”, rapportait le gouvernement autonome catalan dans un rapport daté de mai 2024.
“Dilemme”
La Vanguardia s’est renseignée directement auprès de l’auteur de l’article de Ha’Aretz, Omer Benjakob. Celui-ci affirme que “de nombreux hackers considèrent qu’Israël n’est plus un pays sûr pour opérer − en raison de la guerre et de sa réputation problématique −, et ils choisissent la capitale catalane parce qu’elle présente un cadre juridique plus favorable [à leurs activités]”. Barcelone a aussi l’“avantage” de faciliter l’exportation de logiciels vers d’autres pays européens.
“Les restrictions réglementaires imposées en Israël après les scandales mondiaux d’espionnage, comme celui du programme Pegasus”, poussent les hackers locaux à l’exil vers l’ouest de la Méditerranée, insiste El Periódico. Outre-Pyrénées, le logiciel Pegasus, développé par la société israélienne NSO et vendu à des États, a infesté les téléphones portables de figures politiques de premier plan, à l’image du Premier ministre, Pedro Sánchez, et de dirigeants du mouvement indépendantiste catalan.
“Face à la crise que traversent les démocraties libérales”, La Vanguardia rappelle que certaines voix “se méfient” du “monopole de l’usage” de logiciels comme Pegasus par les États. Par ailleurs, un “dilemme” s’offre à l’État hébreu avec la “fuite” de ses cerveaux, tempère le quotidien centriste : les hackers “doivent-ils en informer le ministère de la Défense d’Israël s’ils émigrent et s’ils font des affaires sans représenter leur pays” ?
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