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Cloud : En pleine guerre commerciale, Microsoft veut montrer patte blanche

Microsoft sentirait-il le vent tourner en Europe ? Après avoir annoncé la finalisation de son « cloud européen », l’entreprise américaine dévoile une série d’engagements par la voix de son président, Brad Smith, ancien directeur de l’équipe juridique et des affaires publiques en Europe. 

Dans un billet de blog intitulé « Microsoft announces new European digital commitments« , publié ce mercredi 30 avril 2025, le président présente cinq engagements pour assurer « la stabilité numérique » dans un contexte de « volatilité géopolitique« , expression choisie pour désigner la guerre commerciale lancée par Donald Trump.  

Doubler la capacité des data centers

Dans un premier temps, Microsoft annonce « son intention d’augmenter de 40% la capacité » de ses data centers européens « au cours des deux prochaines années« . Ce qui devrait « doubler la capacité » des data centers existants. « Cela se traduira par des opérations cloud dans plus de 200 centres de données sur le continent« , indique l’entreprise. 

Brad Smith rappelle les deux initiatives lancées par Microsoft pour proposer des clouds « souverains » en Europe : l’un en France avec Bleu, en collaboration avec Orange et Capgemini, et l’autre en Allemagne avec Delos Cloud GmbH, filiale de SAP, et Arvato Systems, filiale informatique de Bertelsmann. L’objectif est le suivant : proposer les services d’Azure dans un environnement sécurisé. En France, Bleu vient de passer le premier jalon de la qualification SecNumCloud accordée par l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi). 

Création d’un centre d’administration européen

Toujours dans un objectif de réassurance, afin de « consolider davantage le lien entre Microsoft et l’Europe« , le fournisseur annonce la création d’un « centre d’administration européen » dédié à la supervision des data centers européens et de leurs conseils d’administration. Il sera composé exclusivement de ressortissants européens et « soumis au droit européen« . 

Microsoft annonce également des engagements en matière de cybersécurité, dont la nomination d’un nouveau RSSI adjoint pour l’Europe au sein du Conseil de gouvernance de la cybersécurité de la société. Il sera responsable du respect des réglementations en matière de cybersécurité en Europe, notamment le Digital Operational Resilience Act (Dora), la directive NIS 2 et le Cyber Resilience Act (CRA). 

A l’occasion de sa venue à Bruxelles, Brad Smith a été interrogé – sans grande surprise – sur les risques que l’administration Trump ordonne aux entreprises américaines de suspendre leurs activités pour les clients situés au sein de l’Union européenne.

De nouvelles clauses contractuelles

Tout en évoquant un événement « extrêmement improbable« , le président a annoncé qu’une nouvelle clause serait intégrée dans les contrats signés avec la Commission européenne et les gouvernements européens garantissant que Microsoft contesterait une telle mesure « en utilisant toutes les voies de droit disponibles« . « Les gens veulent savoir que nous offrons plus que des mots, c’est pourquoi nous sommes prêts à soutenir cela par des engagements contractuels », a déclaré Brad Smith. 

Le discours de Microsoft est purement commercial. En effet, les lois américaines continuent de s’appliquer aux données hébergées dans les data centers des sociétés américaines. La prise de parole de Microsoft n’est évidemment pas dénuée de stratégie. L’objectif de la société américaine semble être de rassurer les marchés.

Une multiplication des appels à privilégier les solutions souveraines

Face aux agissements imprévisibles de Trump, le secteur public comme privé s’inquiète de la dépendance aux technologies américaines. A titre d’illustration, dans un courrier envoyé aux différents ministères, Clara Chappaz (Numérique), Laurent Marcangeli (Action publique) et Amélie de Montchalin (Comptes publics) appellent à privilégier des solutions cloud “conçues et développées selon les standards européens”. 

Dans la même logique, le gouvernement a relancé le vaste chantier du « cloud souverain », par le biais d’un énième appel à projets, du lancement d’une mission de préfiguration d’un Observatoire de la souveraineté numérique, ainsi que de la mobilisation du Comité stratégique de filière (CSF) « Logiciels et Solutions Numériques de confiance ». 

Des paroles fortes, une mise en œuvre incertaine

Il reste à savoir si les paroles seront suivies d’actes. Combien d’organisations utilisant un cloud américain migreront-elles réellement leur système vers un cloud français ou européen ? Actuellement, Amazon Web Services (AWS), suivi par Google Cloud Platform (GCP), et Microsoft Azure, captent l’essentiel du marché européen. Les fournisseurs tricolores sont très loin derrière et n’arrivent pas, pour l’instant, à rattraper ce retard. 

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artia13

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.

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