Simulations d’attaques, alertes, formations en ligne, notifications… Une hyper sollicitation digitale crée une fatigue qui peut avoir des conséquences sur la cybersécurité de l’organisation.
L’an passé, 4386 événements de sécurité ont été traités par l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information, soit une augmentation de 15% par rapport à l’année 2023. Un chiffre qui souligne une nouvelle augmentation des cyberattaques touchant le territoire français.
Pour les prévenir, de nombreuses organisations ont mis en place des programmes de formation et de sensibilisation aux risques cyber. Des outils qui, s’ils sont mal configurés, peuvent s’avérer contre-productifs face à la fatigue numérique à laquelle font face les collaborateurs.
Hyper sollicitation numérique, le mal du siècle ?
Selon une étude de la Fondation Jean Jaurès réalisée en décembre 2024, environ 26 % des actifs français se disent affectés par la fatigue informationnelle, une nouvelle forme de pénibilité au travail. Les actifs reçoivent en moyenne 27 mails professionnels par jour. La multiplication des outils, des notifications, et des processus IT alourdit et ralentit les usages, notamment dans les petites structures. Et la fatigue numérique s’installe. Ce phénomène se traduit par un épuisement dû à l’utilisation répétée de technologies digitales et une surexposition aux écrans. Les simulations numériques et l’augmentation du nombre d’applications, et donc des notifications, engendrent une surcharge cognitive et une infobésité.
Dans le milieu professionnel plus particulièrement, les collaborateurs doivent s’adapter sans cesse à de nombreux logiciels et de nouveaux processus. Cette accumulation de pratiques digitales peut provoquer une fatigue visuelle, un trouble de la concentration et du sommeil, des symptômes psychologiques (stress, anxiété, irritabilité, etc), et une baisse de la productivité. Le collaborateur est saturé et n’est donc plus en mesure d’être attentif aux risques cyber et réceptif à la formation.
Quand la sensibilisation à outrance devient contre-productive
Les collaborateurs sont de plus en plus sollicités par des messages de sensibilisation aux risques cyber, des outils de sécurité, des alertes, sous forme d’emails, de rappels, de tests de phishing fréquents, etc. Face à cette multiplication des messages de cybersécurité, le collaborateur peut éprouver une saturation dans un premier temps, et une certaine lassitude dans un second. C’est ce que l’on appelle la “cyber fatigue”.
Celle-ci se caractérise par une baisse de vigilance, une normalisation des risques ou un désengagement, voire un contournement des règles pour retrouver de la fluidité. On retrouve également cette cyber fatigue au sein des équipes IT : en 2024, un quart des RSSI (Responsable de la sécurité des systèmes d’information) réfléchissait à changer de poste. En cause, un stress excessif dans un environnement très exigeant.
Détoxifier la digitalisation
Pour revenir à des usages numériques plus raisonnables et sereins, les entreprises peuvent commencer par réduire le volume des alertes : une alerte pertinente est une alerte qui mérite d’être traitée. En limitant les notifications aux incidents réellement critiques et en les contextualisant, la pression est allégée et la capacité des équipes à réagir efficacement est améliorée. En complément, d’autres initiatives peuvent être mises en place :
- un challenge ludique autour d’une “détox digitale” pour sensibiliser aux impacts du numérique sur la santé physique et mentale ;
- des contenus de formation courts, digestes et bien répartis dans le temps, pour ne pas ajouter à la surcharge cognitive et favoriser l’ancrage des bons réflexes ;
- un outil de droit à la déconnexion pour améliorer l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle en permettant aux collaborateurs de déconnecter sans complexe ; la personne qui tentera de contacter un employé en dehors des heures de travail sera prévenu que ce dernier ne lui répondra qu’une fois son retour au bureau ;
- un outil de filtrage des emails, déchargeant le collaborateur de tous les emails non désirés et parasites (arnaques, spams, cyberattaques) ;
- des logiciels “tout-en-un” afin que les collaborateurs n’aient pas besoin de passer d’un logiciel à un autre trop souvent ;
- encourager les interactions humaines plutôt que les communications digitales, dont les notifications peuvent être parasites, en aménageant des locaux propices à l’échange et en organisant des activités en présentiel.
En réduisant le nombre et la fréquence des sollicitations digitales tout en sensibilisant à la fatigue numérique et cyber, les entreprises peuvent rendre l’utilisation des outils numériques plus sereine. Faire moins pour faire mieux, c’est non seulement préserver la santé et l’engagement des collaborateurs, mais c’est aussi poser les bases d’une révolution numérique durable où l’humain redevient le socle de toute innovation.
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