Le crime organisé adopte les codes de l’e-commerce

Le crime organisé adopte les codes de l’e-commerce

Les organisations criminelles s’inspirent de plus en plus du commerce traditionnel pour conduire leurs activités en ayant recours aux technologies numériques. Jusqu’à proposer des services clés en mains de « violence à la demande ».

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Internet ou/et les réseaux sont utilisés par les dealers pour vendre de la drogue. (VINCENT MICHEL / MAXPPP)

Internet ou/et les réseaux sont utilisés par les dealers pour vendre de la drogue. (VINCENT MICHEL / MAXPPP)

Les technologies numériques ont beaucoup de « qualités » aux yeux des criminels : elles leur permettent d’atteindre des audiences larges sur de vastes zones géographiques, d’agir dans un certain anonymat, de procéder à des campagnes marketing pour attirer de nouveaux clients ou lancer des promotions commerciales, de faciliter la logistique avec les services de livraison rapide et de se faire payer par des portefeuilles de monnaies électroniques.

Mais comme tous commerçants ces criminels doivent se faire connaître et se différencier parmi une offre très abondante et une concurrence accessible en quelques clics pour les consommateurs. C’est la raison pour laquelle, ils utilisent largement les applications grand public comme TikTok, Instagram ou SnapChat comme plateformes marketing afin de communiquer sur leur catalogue, par exemple en matière de stupéfiants. Avec, comme pour le commerce traditionnel, des demandes de recommandations ou de parrainages de nouveaux clients de la part des utilisateurs invités à témoigner ainsi de leur satisfaction. Et également la publication d’offres à tarif réduit pour récompenser les acheteurs fidèles.

Pour dissimuler leurs activités ils utilisent des émoji/émoticones qui se révèlent explicites pour les seuls initiés : un flocon ou un bonhomme de neige pour la cocaïne, un palmier ou un sapin pour du cannabis voire une tablette de chocolat pour du Xanax, un puissant anxiolytique.

Le symbole de la part de pizza servant par ailleurs à caractériser la disponibilité ou la quête de contenus pédocriminels.

Europol, l’agence européenne de police criminelle qui permet le partage de renseignements entre les services d’enquêtes au sein de l’UE, documente le franchissement d’un échelon supplémentaire avec la mise à disposition grâce aux services numériques de prestations dites de « violence à la demande ». Un phénomène tel qu’Europol a officialisé fin avril 2025 l’établissement d’une unité spéciale rassemblant 8 pays européens, dont la France, pour caractériser et travailler à contrer ces pratiques.

C’est une forme très libérale de rencontre de l’offre et de la demande. Avec l’externalisation à des individus, idéalement semble-t-il, de jeunes personnes encore vierges de toutes condamnations pour réaliser une large gamme de délits ou de crimes : du transport de stupéfiants à la réalisation d’actions violentes sur des personnes. Là encore le recrutement s’effectue sur des plateformes sociales pour capter les jeunes recrues.

Pour cela, des messages ludiques reprennent les codes esthétiques des jeux vidéos, ou des images issues de séries ou de dessins animés afin de rendre la proposition attractive pour établir le premier contact. L’intérêt de l’alliance constituée par les polices européennes est d’harmoniser le niveau de connaissances de ces nouvelles pratiques en constante évolution, et de faciliter la conduite d’opérations judiciaires auprès des plateformes et contre les commanditaires.



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