Les vlogs de la petite-fille de Donald Trump, un danger pour la sécurité nationale ?
ÉTATS-UNIS – Danses TikTok dans le jet privé de papi, lancement de fusée avec Elon Musk et balades dans les couloirs de la Maison Blanche. Le quotidien de Kai Trump, la petite-fille de Donald Trump, n’a rien d’ordinaire – mais ça ne l’empêche pas de tout filmer pour YouTube. À travers ses vlogs, des millions de personnes découvrent les coulisses de la Trump family en quelques clics seulement, et depuis son discours à la convention républicaine en juillet dernier, l’adolescente de 17 ans a gagné de nombreux fans.
« Ce n’est pas très surprenant que la petite fille d’une personne qui faisait de la téléréalité, décide de mettre en scène son quotidien et la vie politique », indique au HuffPost Suzanne Vergnolle, docteure en droit et maître de conférences en droit du numérique au Conservatoire National des Arts et Métiers (Cnam). « Il ne faut pas être dupe parce que tout cela cache une volonté politique bien plus violente, bien moins pailletée et bien plus douloureuse ».
Derrière ces vlogs, où tout est lisse et calculé, une équipe de professionnels : AKA Collective, créditée dans la description de ses vidéos. Comme vous pouvez le voir dans notre vidéo ci-dessus, ils sont responsables de l’image de marque de Kai Trump, et sont chargés du tournage et du montage. À première vue, ils semblent prendre toutes les précautions nécessaires, que ce soit en floutant les plaques d’immatriculation, ou en censurant certains passages.
Des vulnérabilités potentielles à surveiller
Mais en passant ces vidéos au peigne fin, on peut relever beaucoup de détails : là où Kai Trump fait son shopping, les chemins qu’elle emprunte en voiture, là où vivent ses meilleurs amis, ou encore l’organisation de son dispositif de sécurité.
« Cela va permettre d’obtenir des informations qui ne sont pas censées être aussi facilement accessibles au public. Elles peuvent l’être, mais elles ne sont pas censées être disponibles et visibles à plusieurs reprises », explique Suzanne Vergnolle. « Si l’on parle par exemple des coulisses d’un événement, cela va permettre potentiellement de savoir quels sont les chemins d’accès pour arriver à la scène principale. À partir du moment où l’on sait que telle personne était à tel endroit, à tel moment, on va pouvoir déduire d’autres informations, qui, elles, pourraient être protégées par des secrets ».
« J’ai vu des gardes de sécurité, et il y avait des serveurs dans les parages. Si ces gens peuvent être identifiés, leurs téléphones pourraient être corrompus et utilisés pour écouter des conversations », ajoute V.S. Subrahmanian, professeur en sciences informatiques à l’Université Northwestern. « Des outils comme Clearview AI peuvent être utilisés pour identifier les gens autour d’elle ».
Un membre du Secret Service (ou United States Secret Service, l’agence gouvernementale chargée de la sécurité du président) interviewé par CNN évoque notamment le vlog de la soirée de l’élection, indiquant qu’il pourrait révéler les déplacements de la famille Trump. Pourtant, la vidéo a bien été publiée, à peine 5 jours après le scrutin.
Une influenceuse qui doit faire des compromis pour sa sécurité
Les experts en cybersécurité que nous avons interrogés se montrent néanmoins rassurants. « Je m’attends à ce que ses gardes de sécurité soient bien entraînés, et donc qu’ils ne soient pas touchés par des cyberattaques », tempère V.S. Subrahmanian. « Ses amis sont peut-être plus une vulnérabilité, car si ce sont des ados typiques ils ne font pas autant attention à leur portable. Tant que le risque est réduit par son équipe de sécurité, qui estime que c’est un risque acceptable, ça va ».
Mais ce n’est pas parce que Kai Trump est surprotégée qu’elle est à l’abri du danger. La moindre erreur peut être une faille dans la sécurité nationale, alors tant pis pour la spontanéité.
« La première stratégie sur le long terme, c’est d’informer ses amis et le personnel qui l’entoure, et peut-être s’assurer qu’ils sont formés aux enjeux de sécurité », recommande ainsi V.S. Subrahmanian. « Tout réflexe qu’elle pourrait avoir de poster quelque chose doit être refoulé, et approuvé par son équipe, qui a l’air très pro. Si elle rend visite à des amis, flouter la façade pourrait être intéressant ».
Les vlogs et le quotidien de Kai Trump sont d’ailleurs bien représentatifs des défis sécuritaires propres à Trump et son entourage. Sa grande famille mobilise beaucoup d’agents de sécurité, et le président lui-même a tendance à bafouer les protocoles. Enfin, sa résidence à Mar-a-Lago, avec son ambiance boîte de nuit et ses longues listes d’invités est un véritable casse-tête à sécuriser, explique CNN. Et au milieu de tout ça, on retrouve Kai Trump et sa perche à selfie.
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